Le scarabée pique-prune bloque l'autoroute A-28

LES PROMOTEURS DE L’A28 NE DESARMENT PAS !

13 mars 2000

 

Les déclarations du Ministère des Transports en date du 18 novembre 1999 ont permis de préciser les procédures à mettre en oeuvre dans le cadre de la poursuite du projet A28. D’une façon très claire, le Ministre JC. GAYSSOT a évoqué la mise en place d’un comité scientifique ayant pour mission “ de valider les études et d’examiner les mesures compensatoires éventuellement nécessaires pour permettre de solliciter l’avis de la Commission européenne”. Nous avons bien noté que, conformément au statut de protection de l’espèce, il s’agit bien d’un avis et non pas d’une simple information de la Commission. Nous nous étions à l’époque félicité de voir s’appliquer à ce cas d’espèce la réglementation communautaire.

  Il semble aujourd’hui que la mise en musique de ces décisions centrales soit mise à mal par les représentants locaux de l’État. En effet, Le Préfet de la Sarthe vient de transformer ce comité scientifique en comité de suivi des travaux de remembrement. Solliciter un avis auprès de la Commission est de toute évidence une procédure préalable au démarrage des travaux de remembrement. Nous souhaitons donc que soit rappelé aux représentants locaux de l’État d’inscrire la poursuite de ce projet dans une procédure conforme aux instructions de leurs Ministères de tutelle. En effet, la poursuite des procédures en l’état serait une violation caractérisée de la Directive 92/43 dite “Habitat”et nous semble de nature à envenimer le contentieux actuel entre la Commission et la France sur ce dossier.

D’autre part, l’espèce et son habitat étant strictement protégé au titre de la loi de 1976 (art. L 201 et suivant du code rural ), il est de pratique constante que les maîtres d’ouvrage demandent un avis au CNPN en cas de destruction intentionnelle. Ce fut d’ailleurs le cas sur ce même dossier pour une espèce végétale, la gesse blanche. A statut de protection similaire, nous ne comprendrions pas une différence de traitement, sauf à y voir une intention délibérée de forcer les choses.

Nous demandons donc au maître d’ouvrage des opérations de remembrement de saisir le CNPN pour avis dans le cadre de ses projets d’aménagements fonciers qui prévoient une atteinte manifeste à une espèce strictement protégée au titre de la loi de 1976. Bien évidemment, nous considérons que là aussi cette saisine du CNPN doit être préalable à tout engagement de travaux sur les secteurs abritant les espèces protégées et représentatifs de leurs habitats.

On voit bien qu’elle pourrait être la stratégie de la France sur ce dossier, c’est à dire d’afficher au niveau de la Commission Européenne un discours rassurant, celui de M. Gayssot par exemple, et faire n’importe quoi sur le terrain en s’asseyant sur les procédures communautaires. Est-ce bien intelligent au moment où elle se prépare à prendre la présidence de la CEE ?

De la même façon, la gestion actuelle de ce dossier met clairement en évidence la dilution habituelle des responsabilités avec une multiplication des intervenants institutionnels. Cette absence de ligne directrice dans la conduite des procédures entoure l’ensemble du projet d’un flou artistique qui sera peut être bien pratique pour se protéger des retours de bâtons européens. Est-ce bien raisonnable?

Les mois à venir nous donneront un éclairage plus précis sur la volonté de l’État Français de s’inscrire ou non dans la logique européenne de conservation de notre patrimoine naturel communautaire. Au-delà de cette simple question d’engagement dans le domaine de la protection de l’environnement, c’est bien celle du respect de nos engagements communautaires au sens large qui est posé, la Directive Habitat ayant été votée à l’unanimité en 1992 par les États membres sous la présidence de la France.

Leader de la construction européenne, la France pourra-elle longtemps avoir une approche différenciée de ses obligations communautaires, en fonction notamment des pressions de lobbyings sur le territoire national ?

A titre d‘exemple, être champion européen pour la course aux subventions agricoles (environ la moitié de l’enveloppe communautaire PAC) ne donne-t-il pas un minimum d’obligation pour le respect des règles dans les autres domaines que ceux qui relèvent de la logique du tiroir-caisse ?


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