Le scarabée pique-prune bloque l'autoroute A-28

Projet autoroutier Alençon - Le Mans -Tours
Un coléoptère s'interpose
Le Maine Libre - 6 septembre 1996
Depuis sept ans, "Les amis de la forêt de Bercé" tentent de convaincre Cofiroute et l'administration de contourner le massif qui leur est si cher. Leurs espoirs reposent aujourd'hui sur un coléoptère en voie de disparition, protégé par des conventions nationale et européenne.

Dernière chance de l'association des "Amis de la forêt de Bercé" d'obtenir le contournement du massif forestier par la future autoroute Alençon-Le Mans-Tours, le "pique-prune" brillait jusque là par son absence.
Mais, la semaine passée, Frédéric Bourgneuf, un entomologiste sarthois en a découvert une colonie, à l'endroit même où il est prévu que le faisceau autoroutier passe. Trouvaille dûment certifiée par le docteur Luce, chercheur au Muséum d'histoire naturelle de Paris et expert européen du "pique-prune".
Une véritable aubaine pour les opposants au projet autoroutier qui ferraillent depuis sept ans contre Cofiroute. Alors on se prend à rêver d'une fable de Bercé qui verrait un scarabée de 8 à 10 cm triompher des tracto-pelles du promoteur. Vous avez dit impossible ? Pas si sûr que cela répondent les naturalistes.
Pas de déménagement
D'une part parce qu'il existe des précédents, et d'autre part parce que l'osmoderma eremita (nom scientifique du "pique-prune" et sa zone d'habitat sont bel et bien protégés par des textes officiels français et européens.
De surcoît, aucune mesure compensatoire n'est envisageable et le déménagement du site est impossible. Tout simplement parce que les paramètres du biotope de ce coléoptère sont impossibles à reproduire. Le "pique-prune" vit dans les cavités formées par le pic-noir, sur des feuillus centenaires implantés dans un terreau aux propriétés spécifiques. A l'état larvaire pendant trois ans, il ne vit que trois mois au stade adulte.
Cependant, rien de prédisposait cet insecte inoffensif à devenir le trublion que l'on sait. Et alors que les responsables de Cofiroute pensaient pouvoir escamoter le dossier en arguant que la zone de passage du faisceau était majoritairement peuplée de conifères et par conséquent inapte à abriter le barbot (autre appellation de l'insecte), la découverte de Frédéric Bourgneuf redistribue les cartes.
"Maintenant, à la lueur de cette information, les autorités compétentes, élus et environnement, se devront de réfléchir à une réforme du projet", indique Christian Damenstein, le président des "Amis de la forêt de Bercé", avant d'ajouter péremptoirement : "On ne peut pas s'asseoir sur la loi !"
Manifestation le 15 septembre
Pour accentuer la pression sur le promoteur et le vouer aux gémonies en cas de non respect des textes, l'association organise une nouvelle manifestation le dimanche 15 septembre au rond-point Saint-Hubert.
Les naturalistes sarthois seront soutenus par leurs voisins du Maine-et-Loire et d'Indre-et-Loire et offriront la possibilité à tous les manifestants, après avoir déjeuner ensemble, de découvrir les zones de la forêt concernées par le tracé.
Une démarche destinée à faire prendre conscience du caractère exceptionnel du site. Car M. Damenstein aime à rappeler que lui et ses acolytes ne se battent pas exclusivement pour la faune, ils pensent aussi à l'homme qui ne peut sacrifier un tel joyau sur l'autel du mercantilisme.
La lutte continue donc, mais les forces s'équilibrent. Optimiste comme jamais, Christian Damenstein brandit "une argumentation très étayée, pour aller au feu."

Pierre-Yves ANSQUER

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