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Le scarabée pique-prune bloque l'autoroute A-28 |
11 mai 2001
A28 : L'Europe durcit
le ton La construction de l'autoroute A28 est stoppée au sud du Mans depuis 1997. C'est le fruit du travail d'une vingtaine d'associations de protection de l'environnement locales, nationales et internationales, soutenues par les Verts, qui militent pour l'abandon de ce projet non rentable en terme d'aménagement du territoire, catastrophique pour la gestion des crues et destructeur pour la biodiversité. La découverte en 1996 sur le tracé de l'A28 du scarabée pique-prune, témoin de cette biodiversité et strictement protégé au niveau européen et international, est venu renforcer la pertinence des analyses associatives et a conduit à introduire devant la Commission Européenne un recours contre la France pour manquement à ses obligations de protection de l'espèce et de ses habitats et carence d'étude d'impact, notamment du point de vue hydraulique. Depuis 1997, la France, sous la poussée des bétonneurs de tout poil et des politiques à courte vue, louvoie dans ses réponses et tente de minimiser le problème. Visiblement, la Commission Européenne n'est pas dupe de cette couardise politique et a décidé début avril d'adresser une mise en demeure aux autorités françaises. C'est la dernière étape avant le passage devant la Cour de Justice de la Communauté Européenne. Cette mise en demeure est particulièrement novatrice : Elle demande explicitement aux autorités françaises d'assurer une protection stricte aux aires de repos et de nidifications de notre scarabée, conformément à la directive Habitat. Nos coléoptères nichant dans les vieux arbres feuillus agés de plus de 150 ans, c'est bien ce patrimoine végétal qui doit bénéficier aujourd'hui d'une protection stricte. Cette lecture du droit communautaire est une grande avancée pour la prise en compte de la conservation de la biodiversité, accordant enfin une reconnaissance à la valeur biologique de nos vieux arbres. Il est évident qu'un tel statut de protection peut avoir une portée considérable en terme d'aménagement rural ( conservation des arbres remarquables, mais au delà des systèmes bocagers, des haies et des talus ) et doit conduire à une meilleure prise en compte de la biodiversité dans les travaux agricoles, tels les remembrements. Au delà de cette portée d'ordre général s'appliquant sur l'ensemble d'un territoire sous réserve qu'il puisse potentiellement abriter l'espèce, les implications de cette demande européenne sur le projet de l'autoroute A28 sont considérables. En effet, quelques soient les précautions prises en terme de réalisation, cette infrastructure détruira des vieux arbres abritant l'espèce, mettant l'Etat en faute au regard de ses obligations européennes. La réponse française à cette mise en demeure aura donc valeur de test sur la volonté de l'Etat de jouer le jeux européen et, au delà des discours, d'assumer ses engagements de préservation de la biodiversité. En résumé, il nous semble que ce projet A28 à plus que jamais du plomb dans l'aile... Défendre à tout crin un projet d'autoroute de 7 milliards qui n'accueillera au mieux que 4000 vehicules par jour au sud du Mans, tout en s'engageant dans un contentieux lourd en terme de condamnation financière, ne nous semble pas relever de l'intérêt général. Pour ceux qui parient sur une multiplication par 3 du trafic routier d'ici 2030 pour justifier leur projet mégalomane, le dérèglement climatique, lié en grande part à l'explosion des transports routiers, commence à frapper durement notre pays et doit les conduire à plus de retenue et de responsabilité. La prise compte de l'environnement ne peut être seulement le dernier argument électoraliste à la mode mais doit bien devenir un véritable moteur de décision pour un développement soutenable. Le Mans, le 11 mai 2001 Avec la participation de :
De nombreux représentants des associations locales impliquées sur ce dossier.
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